I — La préparation du Congrès. Le Congrès international de l’Enseignement primaire a tenu ses séances à la Sorbonne les jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 août. Sa place était tout indiquée au milieu des nombreux Congrès internationaux dont l’exposition universelle de 1900 a A85 ans, elle est toujours marseillaise, fume toujours des joints en regardant Amour Gloire et Beauté et critique son entourage de sa langue acérée Mais 16avril 2012 /. Claude Monet, Village de Sandviken sous la neige, 1895, huile sur toile 73x92cm, Art Institute of Chicago. En janvier 1895, Monet entreprend le long périple de Giverny jusqu’en Norvège, pour une campagne de peinture qui ne s’achèvera qu’au printemps. C’est le voyage le plus lointain qu’il fera jamais. Touten vivotant dans son village ardennais, où il menait surtout la vie désœuvrée et entrecoupée de grossières fêtes, à la façon des hobereaux noceurs et des célibataires campagnards aimant, comme le dit la chanson, « à rire, à boire et à chanter », Verlaine, par moments, s’efforçait de ranimer la Muse, un peu engourdie, entre ses bras que l’alcool énervait. Jevous propose un petit agenda non exhaustif des Lire la suite. Le 06 décembre 2013 par Introduction Chapitre 1 : Premier mythe : « 1793 » aurait été démocrate Chapitre 2 : Deuxième mythe : « 1793 » aurait fondé la République La IIIe République Lire la suite. Le 13 juin 2009 par Copeau NONE, NONE. Terres de femmes ― Sommaire du mois de mai 2009. LorsqueDan Mercer, un homme qui travaille auprès de jeunes en difficulté, tombe dans son traquenard, le cauchemar commence pour lui. De plus, Haley McWaid, une jeune fille de 17 ans, disparait de chez elle, et, trois mois plus tard, un indice est trouvé qui accuse Dan de sa disparition. Bon comme d’habitude, lu en deux jours (bon ok chui en vacance). Pas de TWhl. Chapitre 2 II Certes, j'étais loin de me douter que je hasardais là une de ces démarches insignifiantes, en apparence, qui ont sur la vie entière une influence décisive. - Pour le coup, pensais-je à part moi, je tiens le mot de l'énigme !... Et tout plein d'une sotte et puérile satisfaction, je trottais comme un chat maigre aux côtés de monsieur Méchinet. Je dis je trottais, parce que j'avais fort à faire pour ne pas me laisser distancer par le bonhomme. Il allait, il allait, tout le long de la rue Racine, bousculant les passants, comme si sa fortune eût dépendu de ses jambes. Place de l'Odéon, par bonheur, un fiacre nous croisa. Monsieur Méchinet l'arrêta, et ouvrant la portière - Montez, monsieur Godeuil, me dit-il. J'obéis, et il prit place à mes côtés après avoir crié au cocher, d'un ton impératif - Rue Lécluse, 39, aux Batignolles... et, bon train ! La longueur de la course arracha au cocher un chapelet de jurons. N'importe, il étrilla ses rosses d'un maître coup de fouet et la voiture roula. - Ah ! c'est aux Batignolles que nous allons ? demandai-je alors avec un sourire de courtisan. Mais monsieur Méchinet ne me répondit pas ; je doute même qu'il m'entendit. Une métamorphose complète s'opérait en lui. Il ne parais-sait pas ému, précisément, mais ses lèvres pincées et la contraction de ses gros sourcils en broussaille trahissaient une poignante préoccupation. Ses regards, perdus dans le vide, y semblaient étudier les termes de quelque problème insoluble. Il avait tiré sa tabatière, et incessamment il y puisait d'énormes prises, qu'il pétrissait entre l'index et le pouce, qu'il massait, qu'il portait à son nez et que pourtant il n'aspirait pas. Car c'était chez lui un tic que j'avais observé et qui me ré-jouissait beaucoup. Ce digne homme, qui avait le tabac en horreur, était toujours armé d'une tabatière de financier de vaudeville. Lui advenait-il quelque chose d'imprévu, d'agréable ou de fâcheux, crac, il la sortait de sa poche et paraissait priser avec fureur. Souvent, la tabatière était vide, son geste restait le même. J'ai su, plus tard, que c'était un système à lui, pour dissimuler ses impressions et détourner l'attention de ses interlocuteurs. Nous avancions, cependant... Le fiacre remontait non sans peine la rue de Clichy... Il traversa le boulevard extérieur, s'engagea dans la rue de Lécluse, et ne tarda pas à s'arrêter à quelque distance de l'adresse indiquée. Aller plus loin était matériellement impossible, tant la rue était obstruée par une foule compacte. Devant la maison portant le numéro 39, deux ou trois cents personnes stationnaient, le cou tendu, l'œil brillant, haletantes de curiosité, difficilement contenues par une demi-douzaine de sergents de ville, qui multipliaient en vain et de leur plus rude voix leurs Circulez, messieurs, circulez !... Descendus de voiture, nous nous approchâmes, nous faufilant péniblement à travers les badauds. Déjà, nous touchions la porte du numéro 39, quand un sergent de ville nous repoussa rudement. - Retirez-vous !... On ne passe pas !... Mon compagnon le toisa et, se redressant - Vous ne me connaissez donc pas ? fit-il. Je suis Méchinet, et ce jeune homme - il me montrait - est avec moi. - Pardon !... Excusez !... balbutia l'agent en portant la main à son tricorne, je ne savais pas... donnez-vous la peine d'entrer. Nous entrâmes. Dans le vestibule, une puissante commère, la concierge évidemment, plus rouge qu'une pivoine, pérorait et gesticulait au milieu d'un groupe de locataires de la maison. - Où est-ce ? lui demanda brutalement monsieur Méchinet. - Au troisième, cher monsieur, répondit-elle ; au troisième, la porte à droite. Jésus mon Dieu ! quel malheur !... dans une maison comme la nôtre ! Un si brave homme ! Je n'en entendis pas davantage. Monsieur Méchinet s'était élancé dans les escaliers, et je le suivais, montant quatre à quatre, le cœur me battant à me couper la respiration. Au troisième étage, la porte de droite était ouverte. Nous entrons, nous traversons une antichambre, une salle à manger, un salon, et enfin nous arrivons à une chambre à cou-cher... Je vivrais mille ans, que je n'oublierais pas le spectacle qui frappa mes yeux... Et en ce moment même où j'écris, après bien des années, je le revois jusqu'en ses moindres détails. À la cheminée faisant face à la porte, deux hommes étaient accoudés un commissaire de police, ceint de son écharpe, et un juge d'instruction. À droite, assis à une table, un jeune homme, le greffier, écrivait. Au milieu de la pièce, sur le parquet, gisait dans une mare de sang coagulé et noir le cadavre d'un vieillard à cheveux blancs... Il était étendu sur le dos, les bras en croix. Terrifié, je demeurai cloué sur le seuil, si près de défaillir que, pour ne pas tomber, je fus obligé de m'appuyer contre l'huisserie. Ma profession m'avait familiarisé avec la mort ; depuis longtemps déjà j'avais surmonté les répugnances de l'amphi-théâtre, mais c'était la première fois que je me trouvais en face d'un crime. Car il était évident qu'un crime abominable avait été commis... Moins impressionnable que moi, mon voisin était entré d'un pas ferme. - Ah ! c'est vous, Méchinet, lui dit le commissaire de police, je regrette bien de vous avoir fait déranger. - Pourquoi ? - Parce que nous n'aurons pas besoin de votre savoir-faire... Nous connaissons le coupable, j'ai donné des ordres et il doit être arrêté à l'heure qu'il est. Chose bizarre ! Au geste de monsieur Méchinet, on eût pu croire que cette assurance le contrariait... Il tira sa tabatière, prit deux ou trois de ses prises fantastiques, et dit - Ah ! le coupable est connu !... Ce fut le juge d'instruction qui répondit - Et connu d'une façon certaine et positive, oui, monsieur Méchinet... Le crime commis, l'assassin s'est enfui, croyant que sa victime avait cessé de vivre... il se trompait. La Providence veillait..., ce malheureux vieillard respirait encore... Rassemblant toute son énergie, il a trempé un de ses doigts dans le sang qui s'échappait à flots de sa blessure, et là, sur le parquet, il a écrit avec son sang le nom de son meurtrier, le dénonçant ainsi à la justice humaine... Regardez plutôt. Ainsi prévenu, j'aperçus ce que tout d'abord je n'avais pas vu. Sur le parquet, en grosses lettres mal formées et cependant lisibles, on avait écrit avec du sang MONIS... - Eh bien ?... interrogea monsieur Méchinet. - C'est là, répondit le commissaire de police, le commencement du nom d'un neveu du pauvre mort... un neveu qu'il affectionnait, et qui se nomme Monistrol... - Diable !... fit mon voisin. - Je ne suppose pas, reprit le juge d'instruction, que le misérable essaye de nier... les cinq lettres sont contre lui une charge accablante... À qui, d'ailleurs, profite ce crime si lâche ?... À lui seul, unique héritier de ce vieillard qui laisse, dit-on, une grande fortune... Il y a plus c'est hier soir que l'assassinat a été commis... Eh bien ! hier soir, personne n'a visité ce pauvre vieux que son neveu... La concierge l'a vu arriver vers neuf heures et ressortir un peu avant minuit... - C'est clair, approuva monsieur Méchinet, c'est très clair, ce Monistrol n'est qu'un imbécile. Et, haussant les épaules - A-t-il seulement volé quelque chose ? demanda-t-il ; a-t-il fracturé quelque meuble pour donner le change sur le mobile du crime ?... - Rien, jusqu'ici, ne nous a paru dérangé, répondit le commissaire... Vous l'avez dit, le misérable n'est pas fort... dès qu'il se verra découvert, il avouera. Et là-dessus, le commissaire de police et monsieur Méchinet se retirèrent dans l'embrasure de la fenêtre et s'entretinrent à voix basse, pendant que le juge donnait quelques indications à son greffier. Chapitre 5 En attendant que montât la concierge, monsieur Méchinet procédait à un rapide et sagace examen du théâtre du crime. Mais c'est surtout la serrure de la porte d'entrée de l'appartement qui attirait son attention. Elle était intacte et la clef y jouait sans difficulté. Cette circonstance écartait absolument l'idée d'un malfaiteur étranger s'introduisant de nuit à l'aide de fausses clefs. De mon côté, machinalement, ou plutôt inspiré par l'étonnant instinct qui s'était révélé en moi, je venais de ramasser ce bouchon à demi recouvert de cire verte que j'avais remarqué à terre. Il avait servi, et du côté de la cire, gardait les traces du tire-bouchon ; mais, de l'autre bout, se voyait une sorte d'entaille assez profonde, produite évidemment par un instrument tranchant et aigu. Soupçonnant l'importance de ma découverte, je la communiquai à monsieur Méchinet, et il ne put retenir une exclamation de plaisir. – Enfin ! s'écria-t-il, nous tenons donc enfin un indice !… Ce bouchon, c'est l'assassin qui l'a laissé tomber ici… Il y avait fiché la pointe fragile de l'arme dont il s'est servi. Conclusion l'instrument du meurtre est un poignard à manche fixe, et non un de ces couteaux qui se ferment… Avec ce bouchon, je suis sûr d'arriver au coupable quel qu'il soit !… Le commissaire de police achevait sa besogne dans la chambre, nous étions, monsieur Méchinet et moi, restés dans le salon, lorsque nous fûmes interrompus par le bruit d'une respiration haletante. Presque aussitôt, se montra la puissante commère que j'avais aperçue dans le vestibule pérorant au milieu des locataires. C'était la portière, plus rouge, s'il est possible, qu'à notre arrivée. – Qu'y a-t-il pour votre service, monsieur ? demanda-t-elle à monsieur Méchinet. – Asseyez-vous, madame, répondit-il. – Mais, monsieur, c'est que j'ai du monde en bas… – On vous attendra… je vous dis de vous asseoir. Interloquée par le ton de monsieur Méchinet, elle obéit. Alors lui, la fixant de ses terribles petits yeux gris – J'ai besoin de certains renseignements, commença-t-il, et je vais vous interroger. Dans votre intérêt, je vous conseille de répondre sans détours. Et d'abord, quel est le nom de ce pauvre bonhomme qui a été assassiné ? – Il s'appelait Pigoreau, mon bon monsieur, mais il était surtout connu sous le nom d'Anténor, qu'il avait pris autrefois, comme étant plus en rapport avec son commerce. – Habitait-il la maison depuis longtemps ? – Depuis huit ans. – Où demeurait-il avant ? – Rue Richelieu, où il avait son magasin… car il avait été établi, il avait été coiffeur, et c'est dans cet état qu'il avait gagné sa fortune. – Il passait donc pour riche ? – J'ai entendu dire à sa nièce qu'il ne se laisserait pas couper le cou pour un million. À cet égard, la prévention devait être fixée, puisqu'on avait inventorié les papiers du pauvre vieux. – Maintenant, poursuivit monsieur Méchinet, quelle espèce d'homme était ce sieur Pigoreau, dit Anténor ? – Oh ! la crème des hommes, cher bon monsieur, répondit la concierge… Il était bien tracassier, maniaque, grigou comme il n'est pas possible, mais il n'était pas fier… Et si drôle, avec cela !… On aurait passé ses nuits à l'écouter, quand il était en train… C'est qu'il en savait de ces histoires ! Pensez donc, un ancien coiffeur, qui avait, comme il disait, frisé les plus belles femmes de Paris… – Comment vivait-il ? – Comme tout le monde… Comme les gens qui ont des rentes, s'entend, et qui cependant tiennent à leur monnaie. – Pouvez-vous me donner quelques détails ? – Oh ! pour cela, je le pense, vu que c'est moi qui avais soin de son ménage… Et cela ne me donnait guère de peine, car il faisait presque tout, balayant, époussetant et frottant lui-même… C'était sa manie, quoi ! Donc, tous les jours que le bon Dieu faisait, à midi battant, je lui montais une tasse de chocolat. Il la buvait, il avalait par-dessus un grand verre d'eau, et c'était son déjeuner. Après il s'habillait, et ça le menait jusqu'à deux heures, car il était coquet et soigneux de sa personne plus qu'une mariée. Sitôt paré, il sortait pour se promener dans Paris. À six heures, il s'en allait dîner dans une pension bourgeoise, chez les demoiselles Gomet, rue de la Paix. Après son dîner il courait prendre sa demi-tasse et faire sa fine partie au café Guerbois… et à onze heures il rentrait se coucher. Enfin, il n'avait qu'un défaut, le pauvre bonhomme… Il était porté sur le sexe. Même souvent, je lui disais À votre âge, n'avez-vous pas de honte !… » Mais on n'est pas parfait, et on comprend ça d'un ancien parfumeur, qui avait eu dans sa vie des tas de bonnes fortunes… Un sourire obséquieux errait sur les lèvres de la puissante concierge, mais rien n'était capable de dérider monsieur Méchinet. – Monsieur Pigoreau recevait-il beaucoup de monde ? continua-t-il. – Très peu… Je ne voyais guère venir chez lui que son neveu, monsieur Monistrol, à qui, tous les dimanches, il payait à dîner chez le père Lathuile. – Et comment étaient-ils ensemble, l'oncle et le neveu ? – Comme les deux doigts de la main. – Ils n'avaient jamais de discussions ? – Jamais !… sauf qu'ils étaient toujours à se chamailler à cause de madame Clara. – Qui est cette madame Clara ? – La femme de monsieur Monistrol, donc, une créature superbe… Défunt le père Anténor ne pouvait la souffrir. Il disait que son neveu l'aimait trop, cette femme, qu'elle le menait par le bout du nez, et qu'elle lui en faisait voir de toutes les couleurs… Il prétendait qu'elle n'aimait pas son mari, qu'elle avait un genre trop relevé pour sa position, et qu'elle finirait par faire des sottises… Même, madame Clara et son oncle ont été brouillés, à la fin de l'année dernière. Elle voulait que le bonhomme prêtât cent mille francs à monsieur Monistrol pour prendre un fonds de bijoutier au Palais-Royal. Mais il refusa, déclarant qu'on ferait de sa fortune ce qu'on voudrait, après sa mort ; mais que jusque-là, l'ayant gagnée, il prétendait la garder et en jouir… Je croyais que monsieur Méchinet allait insister sur cette circonstance, qui me paraissait très grave… point. En vain, je multipliais les signes, il poursuivit – Reste à savoir par qui le crime a été découvert ? – Par moi, mon bon monsieur, par moi ! gémit la portière. Ah ! c'est épouvantable ! Figurez-vous que ce matin, sur le coup de midi, comme à l'ordinaire, je monte au père Anténor son chocolat… Faisant le ménage, j'ai une clef de l'appartement… J'ouvre, j'entre, et qu'est-ce que je vois… Ah ! mon Dieu !… Et elle se mit à pousser des cris perçants… – Cette douleur prouve votre bon cœur, madame, fit gravement monsieur Méchinet… Seulement, comme je suis fort pressé, tâchez de la maîtriser… Qu'avez-vous pensé, en voyant votre locataire assassiné ?… – J'ai dit à qui a voulu l'entendre c'est son neveu, le brigand, qui a fait le coup pour hériter. – D'où vous venait cette certitude ?… car, enfin, accuser un homme d'un si grand crime, c'est le pousser à l'échafaud… – Eh ! monsieur, qui donc serait-ce ?… Monsieur Monistrol est venu voir son oncle hier soir, et quand il est sorti il était près de minuit… même, lui qui me parle toujours, il ne m'a rien dit ni en arrivant ni en s'en allant… Et depuis ce moment, jusqu'à celui où j'ai tout découvert, personne, j'en suis sûre, n'est monté chez monsieur Anténor… Je l'avoue, cette déposition me confondait. Naïf encore, je n'aurais pas eu l'idée de poursuivre cet interrogatoire. Par bonheur, l'expérience de monsieur Méchinet était grande, et il possédait à fond cet art si difficile de tirer des témoins toute la vérité. – Ainsi, madame, insista-t-il, vous êtes certaine que Monistrol est venu hier soir ? – Certaine. – Vous l'avez bien vu, bien reconnu ?… – Ah ! permettez… je ne l'ai pas dévisagé. Il a passé très vite, en tâchant de se cacher, comme un brigand qu'il est, et le corridor est mal éclairé… Je bondis, à cette réponse d'une incalculable portée, et m'avançant vers la concierge – S'il en est ainsi, m'écriai-je, comment osez-vous affirmer que vous avez reconnu monsieur Monistrol ? Elle me toisa, et avec un sourire ironique – Si je n'ai pas vu la figure du maître, répondit-elle, j'ai vu le museau du chien… Comme je le caresse toujours, il est entré dans ma loge, et j'allais lui donner un os de gigot quand son maître l'a sifflé. Je regardais monsieur Méchinet, anxieux de savoir ce qu'il pensait de ces réponses, mais son visage gardait fidèlement le secret de ses impressions. Il ajouta seulement – De quelle race est le chien de monsieur Monistrol ? – C'est un loulou, comme les conducteurs en avaient autrefois, tout noir, avec une tache blanche au-dessus de l'oreille ; on l'appelle Pluton. Monsieur Méchinet se leva. – Vous pouvez vous retirer, dit-il à la portière, je suis fixé. Et, quand elle fut sortie – Il me paraît impossible, fit-il, que le neveu ne soit pas le coupable. Cependant, les médecins étaient arrivés pendant ce long interrogatoire et, quand ils eurent achevé l'autopsie, leur conclusion fut – La mort du sieur Pigoreau a certainement été instantanée. Donc, ce n'est pas lui qui a tracé ces cinq lettres Monis que nous avons vues sur le parquet, près du cadavre… Ainsi, je ne m'étais pas trompé. – Mais si ce n'est pas lui, s'écria monsieur Méchinet, qui donc est-ce ?… Monistrol… Voilà ce qu'on ne me fera jamais entrer dans la cervelle. Et comme le commissaire, ravi de pouvoir enfin aller dîner, le raillait de ses perplexités ; perplexités ridicules, puisque Monistrol avait avoué – Peut-être en effet ne suis-je qu'un imbécile, dit-il, c'est ce que l'avenir décidera… Et en attendant, venez, mon cher monsieur Godeuil, venez avec moi à la préfecture… Chapitre 11 XI J'avais commis une imprudence énorme, c'est vrai… Je n'en avais pas moins trouvé le défaut de la cuirasse, ce joint par où on désarticule le plus solide système de défense. Moi, conscrit volontaire, j'avais vu clair là où le vieux routier de la sûreté s'égarait à tâtons. Un autre peut-être eût été jaloux et m'en eût voulu. Lui, non. Il ne songeait qu'à tirer parti de mon heureuse découverte, et comme il le disait, ce ne devait pas être la mer à boire, maintenant que la prévention s'appuyait sur un point de départ positif. Nous entrâmes donc dans un restaurant voisin pour tenir conseil tout en déjeunant. Et voici où en était le problème, qui, l'heure d'avant, semblait insoluble. Il nous était prouvé jusqu'à l'évidence que Monistrol était innocent. Pourquoi il s'était avoué coupable ? nous pensions bien le deviner, mais la question n'était pas là pour le moment. Nous étions également sûrs que madame Monistrol n'avait pas bougé de chez elle le soir du meurtre… Mais tout démontrait qu'elle était moralement complice du crime, qu'elle en avait eu connaissance, si même elle ne l'avait conseillé et préparé, et que par contre elle connaissait très bien l'assassin… Qui était-il donc, cet assassin ?… Un homme à qui le chien de Monistrol obéissait comme à ses maîtres, puisqu'il s'en était fait suivre en allant aux Batignolles… Donc, c'était un familier de la maison Monistrol. Il devait haïr le mari, cependant, puisqu'il avait tout combiné avec une infernale adresse pour que le soupçon du crime retombât sur cet infortuné. Il fallait, d'un autre côté, qu'il fût bien cher à la femme, puisque le connaissant elle ne le livrait pas, lui sacrifiant sans hésiter son mari… Donc… Oh ! mon Dieu ! la conclusion était toute formulée. L'assassin ne pouvait être qu'un misérable hypocrite, qui avait abusé de l'affection et de la confiance du mari pour s'emparer de la femme. Bref, madame Monistrol, mentant à sa réputation, avait certainement un amant, et cet amant, nécessairement était le coupable… Tout plein de cette certitude, je me mettais l'esprit à la torture pour imaginer quelque ruse infaillible qui nous conduisît jusqu'à ce misérable. – Et voici, disais-je, à monsieur Méchinet, comment nous devons, je pense, opérer… Madame Monistrol et l'assassin ont dû convenir qu'après le crime ils resteraient un certain temps sans se voir ; c'est de la prudence la plus élémentaire… Mais croyez que l'impatience ne tardera pas à gagner la femme, et qu'elle voudra revoir son complice… Placez donc près d'elle un observateur qui la suivra partout, et avant deux fois quarante-huit heures l'affaire est dans le sac… Acharné après sa tabatière vide, monsieur Méchinet demeura un moment sans répondre, mâchonnant entre ses dents je ne sais quelles paroles inintelligibles. Puis tout à coup, se penchant vers moi – Vous n'y êtes pas, me dit-il. Le génie de la profession, vous l'avez, c'est sûr, je ne vous le conteste pas, mais la pratique vous fait défaut… Je suis là, moi, par bonheur… Quoi ! une phrase à propos du crime vous met sur la piste, et vous ne poursuivez pas… – Comment cela ? – Il faut l'utiliser, ce caniche fidèle. – Je ne saisis pas bien… – Alors sachez attendre… Madame Monistrol sortira vers deux heures, pour être à trois au Palais de Justice, la petite bonne sera seule à la boutique… vous verrez, je ne vous dis que cela !… Et en effet, j'eus beau insister, il ne voulut rien dire de plus, se vengeant de sa défaite par cette bien innocente malice. Bon gré mal gré, je dus le suivre au café le plus proche, où il me força de jouer aux dominos. Je jouais mal, préoccupé comme je l'étais, et il en abusait sans vergogne pour me battre, lorsque la pendule sonna deux heures. – Debout, les hommes du poste ! me dit-il en abandonnant ses dés. Il paya, nous sortîmes, et l'instant d'après nous étions de nouveau en faction sous la porte cochère, d'où nous avions étudié les abords du magasin Monistrol. Nous n'y étions pas depuis dix minutes, quand madame Monistrol apparut sur le seuil de sa boutique, vêtue de noir, avec un grand voile de crêpe, comme une veuve. – Jolie toilette d'instruction ! grommela monsieur Méchinet. Elle adressa quelques recommandations à sa petite domestique et ne tarda pas à s'éloigner. Patiemment, mon compagnon attendit cinq grandes minutes, et quand il supposa la jeune femme déjà loin – Il est temps, me dit-il. Et pour la seconde fois nous pénétrâmes dans le magasin de bijouterie. La petite bonne y était seule, assise dans le comptoir, grignotant pour se distraire quelque morceau de sucre volé à sa patronne. Dès que nous parûmes, elle nous reconnut, et toute rouge et un peu effrayée, elle se dressa. Mais sans lui laisser le temps d'ouvrir la bouche – Où est madame Monistrol ? demanda monsieur Méchinet. – Sortie, monsieur. – Vous me trompez… Elle est là, dans l'arrière-boutique. – Messieurs, je vous jure que non… Regardez-y, plutôt. C'est de l'air le plus contrarié que monsieur Méchinet se frappait le front, en répétant – Comme c'est désagréable, mon Dieu !… comme cette pauvre madame Monistrol va être désolée… Et la petite bonne le regardant bouche béante, l'œil arrondi d'étonnement – Mais au fait, continua-t-il, vous, ma jolie fille, vous pouvez peut-être remplacer votre patronne… Si je reviens, c'est que j'ai perdu l'adresse du monsieur qu'elle m'avait prié de visiter… – Quel monsieur ?… – Vous savez bien, monsieur… Allons, bon, voici que j'oublie son nom, maintenant !… Monsieur… parbleu ! vous ne connaissez que lui… Ce monsieur à qui votre diable de chien obéit si bien… – Ah ! monsieur Victor… – C'est cela, juste… Que fait-il ce monsieur ? – Il est ouvrier bijoutier… C'est un grand ami de monsieur… Ils travaillaient ensemble, quand monsieur était ouvrier bijoutier avant d'être patron, et c'est même pour cela qu'il fait tout ce qu'il veut de Pluton… – Alors, vous pouvez me dire où il demeure ce monsieur Victor… – Certainement. Il demeure rue du Roi-Doré, numéro 23. Elle paraissait toute heureuse, la pauvre fille, d'être si bien informée, et moi, je souffrais, de l'entendre ainsi dénoncer, sans s'en douter, sa patronne… Plus endurci, monsieur Méchinet n'avait pas de ces délicatesses. Et même, nos renseignements obtenus, c'est par une triste raillerie qu'il termina la scène… Au moment où j'ouvrais la porte pour nous retirer – Merci, dit-il à la jeune fille, merci ! Vous venez de rendre un fier service à madame Monistrol, et elle sera bien contente… Edité par GRUND, 1946 Etat bon Couverture souple A propos de cet article RO20194180 1946. In-8. Broché. Bon état, Couv. convenable, Dos satisfaisant, Intérieur frais. 108 pages - nombreuses illustrations en noir et blanc dans et hors texte - bandeaux et culs-de-lampe - frontispice en couleur - plats contre-plié. . . . Classification Dewey 840-Littératures des langues romanes. Littérature française. N° de réf. du vendeur RO20194180 Poser une question au libraire Détails bibliographiques Titre LE PETIT VIEUX DES BATIGNOLLES - UN CHAPITRE... Éditeur GRUND Date d'édition 1946 Reliure Couverture souple Etat du livre bon Description de la librairie Vente uniquement sur internet. Visitez la page d’accueil du vendeur Membre d'association Les membres de ces associations s'engagent à maintenir des normes de qualité supérieure. Ils garantissent l'authenticité de tous les articles proposés à la vente. Ils fournissent des descriptions expertes et détaillées, indiquent tous les défauts importants ainsi que les restaurations, fournissent des prix clairs et précis et font preuve d’équité et d’honnêteté tout au long de la relation commerciale. Conditions de vente Tous nos envois sont effectués en courrier ou colissimo suivi quotidienement. Les ouvrages sont expédiés à reception de règlement, les cartes bleues sont acceptées. 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Sans un mandat du juge d'instruction, je ne puis rien… C'est au Palais de Justice qu'il faut courir… – Mais nous y rencontrerons madame Monistrol, et si elle nous voit, elle fera prévenir son complice… – Soit, répondit monsieur Méchinet, avec une amertume mal déguisée, soit !… le coupable s'évadera et la forme sera sauvée… Cependant, je pourrai prévenir ce danger. Marchons, marchons plus vite. Et de fait, l'espoir du succès lui donnait des jambes de cerf. Arrivé au Palais, il gravit quatre à quatre le raide escalier qui conduit à la galerie des juges d'instruction, et, s'adressant au chef des huissiers, il lui demanda si le magistrat chargé de l'affaire du petit vieux des Batignolles était dans son cabinet. – Il y est, répondit l'huissier, avec un témoin, une jeune dame en noir. – C'est bien elle ! me dit mon compagnon. Puis à l'huissier – Vous me connaissez, poursuivit-il… Vite, donnez-moi de quoi écrire au juge un petit mot que vous lui porterez. L'huissier partit avec le billet, traînant ses chausses sur le carreau poussiéreux, et ne tarda pas à revenir nous annoncer que le juge nous attendait au n° 9. Pour recevoir monsieur Méchinet, le magistrat avait laissé madame Monistrol dans son cabinet, sous la garde de son greffier, et avait emprunté la pièce d'un de ses confrères. – Qu'y a-t-il ? demanda-t-il d'un ton qui me permit de mesurer l'abîme qui sépare un juge d'un pauvre agent de la sûreté. Brièvement et clairement, monsieur Méchinet exposa nos démarches, leurs résultats et nos espérances. Faut-il le dire, le magistrat ne sembla guère partager nos convictions. – Mais puisque Monistrol avoue !… répétait-il avec une obstination qui m'exaspérait. Cependant, après bien des explications – Je vais toujours signer un mandat, dit-il. En possession de cette pièce indispensable, monsieur Méchinet s'envola si lestement que je faillis tomber en me précipitant à sa suite dans les escaliers… Un cheval de fiacre ne nous eût pas suivis… Je ne sais pas si nous mîmes un quart d'heure à nous rendre rue du Roi-Doré. Mais une fois là – Attention ! me dit monsieur Méchinet. Et c'est de l'air le plus posé qu'il s'engagea dans l'allée étroite de la maison qui porte le numéro 23. – Monsieur Victor ? demanda-t-il au concierge. – Au quatrième, la porte à droite dans le corridor. – Est-il chez lui ? – Oui. Monsieur Méchinet fit un pas vers l'escalier, puis semblant se raviser – Il faut que je le régale d'une bonne bouteille, ce brave Victor, dit-il au portier… Chez quel marchand de vin va-t-il, par ici ?… – Chez celui d'en face. Nous y fûmes d'un saut, et d'un ton d'habitué monsieur Méchinet commanda – Une bouteille, s'il vous plaît, et du bon… du cachet vert. Ah ! par ma foi ! cette idée ne me fût pas venue, en ce temps-là ! Elle était bien simple, pourtant. La bouteille nous ayant été apportée, mon compagnon exhiba le bouchon trouvé chez le sieur Pigoreau, dit Anténor, et il nous fut aisé de constater l'identité de la cire. À notre certitude morale, se joignait désormais une certitude matérielle, et c'est d'un doigt assuré que monsieur Méchinet frappa à la porte de Victor. – Entrez ! nous cria une voix bien timbrée. La clef était sur la porte, nous entrâmes, et dans une chambre fort propre, j'aperçus un homme d'une trentaine d'années, fluet, pâle et blond, qui travaillait devant un établi. Notre présence ne parut pas le troubler. – Que voulez-vous ? demanda-t-il poliment. Monsieur Méchinet s'avança jusqu'à lui, et le saisissant par le bras – Au nom de la loi, dit-il, je t'arrête ! L'homme devint livide, mais ne baissa pas les yeux. – Vous moquez-vous de moi ?… dit-il d'un air insolent. Qu'est-ce que j'ai fait ?… Monsieur Méchinet haussa les épaules. – Ne fais donc pas l'enfant ! répondit-il, ton compte est réglé… On t'a vu sortir de chez le père Anténor, et j'ai dans ma poche le bouchon dont tu t'es servi pour empêcher ton poignard de s'épointer… Ce fut comme un coup de poing sur la nuque du misérable… Il s'écrasa sur sa chaise en bégayant – Je suis innocent… – Tu diras cela au juge, fit bonnement monsieur Méchinet, mais je crains bien qu'il ne te croie pas… Ta complice, la femme Monistrol, a tout avoué… Comme s'il eût été mû par un ressort, Victor se redressa. – C'est impossible !… s'écria-t-il. Elle n'a rien su… – Alors tu as fait le coup tout seul ?… Très bien !… C'est toujours autant de confessé. Puis s'adressant à moi en homme sûr de son fait – Cherchez donc dans les tiroirs, cher monsieur Godeuil, poursuivit monsieur Méchinet, vous y trouverez probablement le poignard de ce joli garçon, et très certainement les lettres d'amour et le portrait de sa dulcinée. Un éclair de fureur brilla dans l'œil de l'assassin et ses dents grincèrent, mais la puissante carrure et la poigne de fer de monsieur Méchinet éteignirent en lui toute velléité de résistance. Je trouvai d'ailleurs dans un tiroir de la commode tout ce que mon compagnon m'avait annoncé. Et vingt minutes plus tard, Victor, proprement emballé » – c'est l'expression – dans un fiacre, entre monsieur Méchinet et moi, roulait vers la préfecture de police. – Quoi, me disais-je, stupéfié de la simplicité de la scène, l'arrestation d'un assassin, d'un homme promis à l'échafaud, ce n'est que cela !… Je devais plus tard apprendre à mes dépens qu'il est des criminels plus terribles… Celui-ci, dès qu'il se vit dans la cellule du dépôt, se sentant perdu, s'abandonna et nous dit son crime par le menu. Il connaissait, nous déclara-t-il, de longue date le père Pigoreau et en était connu. Son but, en l'assassinant, était surtout de faire retomber sur Monistrol le châtiment du crime. Voilà pourquoi il s'était habillé comme Monistrol et s'était fait suivre de Pluton. Et une fois le vieillard assassiné, il avait eu l'horrible courage de tremper dans le sang le doigt du cadavre pour tracer ces cinq lettres Monis , qui avaient failli perdre un innocent. – Et c'était joliment combiné, allez, nous disait-il avec une cynique forfanterie… Si j'avais réussi, je faisais d'une pierre deux coups je me débarrassais de mon ami Monistrol que je hais et dont je suis jaloux, et j'enrichissais la femme que j'aime… C'était simple et terrible, en effet. – Malheureusement, mon garçon, objecta monsieur Méchinet, tu as perdu la tête au dernier moment… Que veux-tu ! on n'est jamais complet !… Et c'est la main gauche du cadavre que tu as trempée dans le sang… D'un bond, Victor se dressa. – Quoi ! s'écria-t-il, c'est là ce qui m'a perdu !… – Juste ! Du geste du génie méconnu, le misérable leva le bras vers le ciel. – Soyez donc artiste ! s'écria-t-il. Et nous toisant d'un air de pitié, il ajouta – Le père Pigoreau était gaucher ! Ainsi, c'est à une faute de l'enquête qu'était due la découverte si prompte du coupable. Cette leçon ne devait pas être perdue pour moi. Je me la rappelai, par bonheur, dans des circonstances bien autrement dramatiques, que je dirai plus tard. Le lendemain, Monistrol fut mis en liberté. Et comme le juge d'instruction lui reprochait ses aveux mensongers qui avaient exposé la justice à une erreur terrible, il n'en put tirer que ceci – J'aime ma femme, je voulais me sacrifier pour elle, je la croyais coupable… L'était-elle, coupable ? Je le jurerais. On l'arrêta, mais elle fut acquittée par le jugement qui condamna Victor aux travaux forcés à perpétuité. Monsieur et madame Monistrol tiennent aujourd'hui un débit de vins mal famé sur le cours de Vincennes… L'héritage de leur oncle est loin ; ils sont dans une affreuse misère.

le petit vieux des batignolles resume par chapitre